jeudi 30 août 2012

Voyage double

Lire en vacance est un voyage double.
Comme si loin de ses repères, on se laisse encore plus facilement transporter par le récit.
Une mise en abîme, en quelque sorte.

Donc, pendant mon repos au abord de la rivière, j'ai lu.
Beaucoup.
Aucun dessin.

Mais étrangement, et chacune à leur manière, mes lectures se rapportaient aux idées ou thèmes qui nourrissent mon travail créatif. Il me parait donc pertinent de les partager ici avec vous.

J'ai débuté avec Le Cas Sneijder, de Jean-Paul Dubois, qui raconte l'histoire d'un homme dont la vie est transformé à la suite d'un étrange accident d'ascenseur. Seul survivant, il remet ensuite sa vie familiale et professionnelle en question, l'évènement ayant fait place à un désintéressement général à partir duquel il doit se reconstruire.

M'intéressant à l'être et à ses transformations, ce préambule avait piqué ma curiosité.
Quel serait le parcourt et les questionnements de cet homme?

Les nouveaux choix que fera le héros, dans ce qui sera pour lui une sorte de renaissance, le fera passer aux yeux des autres comme un perdant. Voilà bien ce qui m'a plu: le cheminement de celui qui choisi sans se préoccuper du regard des autres, quitte à passer pour un fou.
Si cette société capitaliste où tout est une question de consommation, rendement et d'intérêts personnels vous décourage et vous donne parfois envie de tout lâcher, ce récit pourrait vous intéresser. C'est tinter d'humour noir et c'est plutôt bien écrit.


Ensuite, j'ai lu Tout seul de Chabouté, une bande-dessinée en noir et blanc de 368 pages presque dépourvu de texte. Ne connaissant rien de l'intrigue, ce fut une belle surprise de découvrir que cette histoire traite des thèmes "connu/inconnu" et "libre/non-libre".
Une oeuvre magnifiquement illustrée qui souligne l'idée que, malgré la force de l'imagination, l'être cherche par dessus tout à vivre ses idées à travers l'expérience concrète.
À lire lentement, pour faire durer le plaisir.


Ma troisième lecture fut pour L'homme qui marche, une b.d. manga de Jiro Taniguchi.
Cette oeuvre a pour sujet un homme et ses promenades en ville au fil des jours.
En bon japonais, l'auteur s'attarde principalement sur la qualité du regard et de l'attention que son personnage pose sur les choses.
Personnellement, et vous vous en doutez, je prend grand plaisir à voir du nouveau dans le familier. Puisque tout change et se transforme chaque jour, je revisite les même lieux et je reprends les mêmes chemins avec un plaisir renouvelé. C'est donc avec un sourire de connivence que j'ai feuilleté ce récit, avec l'impression de partager la capacité d'émerveillement du héros.

Le quatrième livre fut incontestablement le plus marquant et couronna mes vacances de ma meilleure lecture des douze derniers mois. Seulement attendre et regarder d'Elena Botchorichvili fut pour moi un pur ravissement, dans le fond comme dans la forme.

En faire un résumé n'est pas simple. Le sujet, en essence, en est les immigrants.
Leur culture qui se heurte à la nôtre, leur vie d'avant et leur vie nouvelle.
Mais ils n'arrivent pas, ils s'échouent.
Ce sont des épaves qui, étrangement, deviennent tous égaux une fois à terre.
Si avant ils étaient reines ou pions, à leur arrivée, ils ne sont plus qu'immigrants.
Parfois, ils ne savent plus agir et alors, ils attendent et regardent.

L'auteur, qui en est à son cinquième roman, a ce don de dire beaucoup avec peu de mots.
Elle construit un petit monde avec une maison sur les flancs du mont-Royal, une douzaine de personnages (tous immigrants ou presque) et une guerre oubliée dans un "pays ex-postcommuniste" dont on ne saura jamais le nom.

Véritable tour de force, Botchorichvili réussit à construire des personnages si fort qu'à la fin, on croit les comprendre parfaitement et saisir tout leur désarroi. Pourtant, on s'en tient à l'essentiel, le récit est tissé serré et le tout est bouclé en moins de 100 pages.
 
À la fois beau et tragique, je ne saurais trop vous le recommander.



   

vendredi 17 août 2012

Cathédrale

Cinq semaines plus tard, je présente une première version de mon dernier effort.
Pour l'instant, je le laisse en plan: je l'ai assez regardé.

Cathédrale (titre provisoire)
24" x 36"
Acrylique


En vacance.
Je visite l'atelier autant de soirs que possible car mes journées sont pour les enfants. Profitant de mes grâces matinées, je peins et me couche tard. Malgré cela, plusieurs idées restent en plan et attendent d'être développées.