dimanche 20 juin 2010

Les lignes du bois

Un triptyque est en chantier mais je n'en suis encore qu'au premier stade de développement.
Le sujet vient une fois de plus de ma cour: c'est la rallonge arrière de notre triplex, allié aux balcons en construction qui sont juste au-dessus, dont j'ai parlé plus tôt.

Toutes les pièces de bois de l'ossature forment de très belles lignes. L'ensemble est tellement photogénique que je n'ai qu'à faire deux pas pour qu'une nouvelle composition m'apparaisse. La progression naturelle du projet avec tous ces morceaux qui se rajoutent ou qui disparaissent, les structures temporaires mises en places pour élever les poutres, les échafaudages et leurs madriers, les parties neuves qui côtoient celles qui seront bientôt démolies, tout cela me parait fascinant. Je ne peux m'empêcher d'y voir un lien avec ma vie qui se construit et qui se transforme sans cesse.

J'ai d'ailleurs tellement de bonnes photos qu'un triptyque ne me suffira pas. De plus petits formats seront peut-être entamés ensuite, question d'obtenir un travail d'ensemble au propos plus affirmé. J'envisage aussi quelques dessins...

Deux des nombreuses photos, pour vous donner une idée...



Ici une image du 2e tableau du triptyque, le plus grand des trois, qui mesure
36" x 60". Ce ne sont que les premiers jus...

samedi 5 juin 2010

Noyade

Récemment, en travaillant à la rénovation de mes balcons arrières, mon beaux-père s'est buté à une famille d'étourneaux niché dans l'entre-toit.
Je savais que ça arriverais; c'était une question de temps. J'espérais presque qu'il y est un contre-temps aux travaux pour donner aux oisillons la chance de s'envoler à temps.

Robert Robert avance sans arrêt, jamais il ne recule.
Comme le dit mon voisin d'en face, c'est un buldozer.
Un nid d'étourneaux, ça arrête pas un buldozer.

La veille de l'éviction, Robert me lance un: "Demain, cé bye bye lé zoiézeaux."

Le jour du drame, j'étais absent.

Le lendemain, constatant la disparition de la structure abritant le nid, je demande à Robert ce qu'il a fait des oiseaux.

- "J' l'ai ai mis din poubelles."
- "Hein? Où ça?"
- "Là..dans l'drum écrit NOYADE dessus"
- "Sacrament Robert, voyons donc!"
- "Kessé qu' tu voulais que j'fasse avec?"

Robert sait bien que lorsqu'on déplace un nid, les occupants l'abandonne.
Il ne s'est pas posé de question. Pour lui, il n'y avait rien à faire.

Je me suis tout de suite dirigé vers la poubelles aux noyés plumés et étrangement, j'ai vu qu'elle était vide. Que de la paille.

- "Lé parents sont rev'nus chercher les p'tits pis yé ont amenés dans le tas de bois, là."

Moi, même si j'avais su que les oisillons risquait d'être abandonnés, j'aurais déplacé le nid dans le tas de bois EN PREMIER. Y me semb' que cé évident, non??!?!?! Tu prends une chance, quand même!!

Tout-à-coup, la paille se met à bouger dans le fond du drum en plastique et j'aperçois un ti-oublié appeuré.

- " Y en a un encore un!"

Je cour chercher une paire de gants (me disant que peut-être, je ne laisserai pas mon odeur) et, guidé par les piaillement des rescapés de la veille, j'emporte mon ti plumé tout magané et tremblotant vers le tas de bois. Je le dépose alors avec mille précautions, choisissant soigneusement l'endroit qui lui donnera la meilleure chance d'être repris par ses parents.
"Non, pas là...là?...non, trop de branches...ah, ici c'est mieux"

- "Kesse tu fais là, Benoit? Y va mourir. C' pas grave, y'en a plein de t'ça..."

- "On sait jamais, Robert..."
Je ne pouvais pas faire autrement.

Le lendemain, je l'ai retrouvé mort à côté de la pile de 2"x10".
J'ai pris des photos.



Aujourd'hui, les poubelles sont pleines de bois pourri.
Les oiseaux, c'est du passé.